
Une urgence de santé publique silencieuse
Si les maladies infectieuses restent présentes au Gabon, un autre fléau, plus discret, gagne du terrain : la malnutrition sous toutes ses formes. Entre obésité urbaine grandissante et carences persistantes en zones rurales, la qualité de l’alimentation des Gabonais pose un véritable défi de santé publique. Selon des données du ministère de la Santé, près d’un enfant sur cinq présente un retard de croissance lié à une alimentation déséquilibrée.
Entre traditions et nouvelles habitudes alimentaires
Longtemps basée sur des produits locaux comme le manioc, le poisson ou les feuilles vertes, la cuisine gabonaise est aujourd’hui bouleversée par la consommation croissante d’aliments importés ultra-transformés. Pains blancs, boissons sucrées, fritures et snacks industriels ont envahi les assiettes, en particulier chez les jeunes et dans les grandes villes. Ce changement rapide, souvent perçu comme un signe de modernité, fragilise pourtant la santé nutritionnelle de la population.
Revaloriser les produits locaux, un levier stratégique
Pour inverser la tendance, les nutritionnistes plaident pour un retour aux aliments locaux, riches en nutriments et souvent plus abordables. Patates douces, gombos, ignames, bananes plantains, poissons de rivière ou encore fruits tropicaux : le Gabon dispose d’un patrimoine alimentaire exceptionnel. Promouvoir leur consommation à travers les cantines scolaires, les marchés et les campagnes de sensibilisation serait un pas décisif vers une meilleure santé pour tous.
Une responsabilité collective et politique
La bonne nutrition n’est pas seulement une affaire individuelle, c’est une question de politique publique. Encourager l’agriculture locale, réguler la publicité alimentaire, éduquer dès l’école sur les bons réflexes nutritionnels : autant de leviers que le gouvernement, les collectivités et les familles peuvent activer. Car mieux se nourrir, c’est aussi mieux apprendre, mieux travailler, et mieux construire l’avenir du pays. Au Gabon, bien manger doit devenir une priorité nationale.