
À l’ère de la surcharge informationnelle et de l’hyperconnectivité, les techniques de gestion du temps sont partout : ateliers de productivité, formations en entreprise, livres de développement personnel… Pourtant, un constat s’impose : malgré l’engouement, elles échouent souvent à produire les résultats escomptés.
Pour l’auteur et conférencier français Carlos Tinoco, ces méthodes sont même « vouées à l’échec ». Dans un article relayé par Ouest-France, il pointe du doigt leur incapacité à traiter les causes profondes du désordre organisationnel.
Une efficacité trompeuse
Dans le monde professionnel, la gestion du temps est devenue un marqueur de sérieux et de compétence. Outils de planification, tableaux de priorités, techniques comme le « time blocking » ou la méthode Pomodoro promettent monts et merveilles. Mais selon Tinoco, il s’agit souvent de solutions de surface, qui masquent une réalité plus complexe : le mal-être, le flou des priorités ou encore l’absence de sens dans les tâches accomplies.
« On pense organiser son emploi du temps, mais on ne fait que répartir du vide », affirme-t-il.
Un management sous perfusion
L’échec des méthodes de gestion du temps reflète aussi, selon certains experts, les failles du management contemporain. Dans de nombreuses entreprises, la pression à produire plus – plus vite – pousse à chercher des recettes miracles. Mais la multiplication des outils n’apporte pas forcément plus de clarté.
« On voit des managers s’enfermer dans des tableaux Excel et des agendas surchargés sans jamais remettre en question l’essentiel : pourquoi fait-on tout cela ? », analyse un consultant en organisation interrogé par L’Union.
Le mythe de la maîtrise
À travers ces techniques, c’est aussi une illusion de contrôle qui est entretenue. En optimisant chaque minute, on espère dominer le temps, alors que celui-ci résiste, imprévisible. La métaphore des « gros galets » – ces priorités qu’on doit placer dans le bocal avant le sable et l’eau – illustre bien la difficulté : la plupart des gens remplissent leur quotidien d’urgences futiles, laissant peu de place à ce qui compte vraiment.
Changer de paradigme
Alors, que faire ? Pour Carlos Tinoco, la réponse n’est pas dans une nouvelle méthode, mais dans une prise de conscience plus profonde. Il s’agit de réapprendre à penser le temps non comme une ressource à exploiter, mais comme un espace à habiter.
Des pistes émergent : ralentir, hiérarchiser ses engagements, accepter l’imperfection, créer des marges de respiration… Autant de contre-courants qui redonnent du sens à l’action plutôt que de courir après un idéal inatteignable d’efficacité permanente.
« La véritable maîtrise du temps commence là où cesse la volonté de tout contrôler. » – Carlos Tinoco