
Libreville – L’extension internet nationale du Gabon, le .ga, entame une nouvelle phase de son développement avec l’intégration progressive de l’intelligence artificielle (IA) dans sa gestion. Cette évolution, pilotée par l’Agence nationale des infrastructures numériques et des fréquences (ANINF), vise à moderniser les services, renforcer la sécurité et affirmer la souveraineté numérique du pays.
Une reprise de contrôle après des années de dérives
Jusqu’en 2023, la gestion du domaine .ga était confiée à la société néerlandaise Freenom. Ce partenariat, initialement destiné à promouvoir le domaine à l’international, a finalement conduit à une explosion d’abus : enregistrements massifs de domaines fictifs, détournements à des fins frauduleuses, absence de traçabilité. Résultat : plus de 7 millions de noms de domaine .ga ont été désactivés, un chiffre révélateur du manque de contrôle sur l’outil numérique national.
Face à ce constat, le Gabon a repris la main sur le fichier d’extension en juin 2023, confiant sa gestion à l’ANINF. L’objectif : restaurer la crédibilité du .ga, améliorer la gouvernance technique, et en faire un levier stratégique au service du développement numérique.
L’IA, un levier de performance et de sécurité
L’ANINF explore désormais les solutions basées sur l’IA pour accompagner cette transition. Grâce à des algorithmes capables de traiter des millions de données en temps réel, il est possible de détecter automatiquement les comportements anormaux, les tentatives de fraude ou les failles de sécurité. Cette surveillance proactive devrait significativement réduire les risques de phishing ou d’usurpation d’identité liés aux noms de domaine.
L’intelligence artificielle permet aussi d’optimiser les performances des serveurs DNS, de fluidifier les processus d’enregistrement et de renouvellement, et d’offrir aux utilisateurs une expérience plus simple et plus fiable. Dans d’autres pays, cette technologie a déjà permis de diminuer les temps d’interruption de service et d’améliorer la satisfaction client.
Une dynamique internationale à suivre
L’expérience du Gabon s’inscrit dans un mouvement mondial. Des pays comme le Canada (.ca), le Royaume-Uni (.uk) ou encore Anguilla (.ai) ont intégré l’IA à différents niveaux de la gestion de leurs domaines nationaux. Le cas d’Anguilla est emblématique : l’extension .ai est aujourd’hui très convoitée par les startups technologiques, et sa valorisation est en partie liée à la rigueur de sa gouvernance numérique.
En s’engageant dans cette voie, le Gabon ambitionne non seulement de rattraper son retard, mais aussi de poser les bases d’un écosystème numérique fiable, sécurisé et attractif.
Vers une souveraineté numérique renforcée
Au-delà des aspects techniques, le recours à l’intelligence artificielle dans la gestion du .ga participe à un projet politique plus vaste : celui de reprendre la maîtrise des outils numériques stratégiques du pays. La souveraineté numérique passe par la capacité à gérer ses propres infrastructures, à sécuriser ses données et à offrir des services numériques de qualité.
À terme, cette stratégie pourrait également contribuer à promouvoir l’utilisation du .ga par les entreprises, les institutions et les citoyens, et à en faire un marqueur fort de l’identité numérique gabonaise.