Larry Warren
Le Gabon amorce une transition numérique ambitieuse. L’intelligence artificielle (IA), au cœur des projets de modernisation de l’État, apparaît comme une réponse aux défis d’efficacité, de transparence et de gestion des services publics.
Une administration encore trop lourde
Malgré plusieurs réformes, l’administration gabonaise reste confrontée à des difficultés persistantes : lenteurs bureaucratiques, procédures complexes, effectifs pléthoriques et manque de coordination entre services. Ces faiblesses freinent l’efficacité de l’action publique et alimentent les critiques des citoyens.
L’IA, levier stratégique de transformation
Pour Maryse Lydie Madiba Iloumbou, Directrice générale adjointe de l’Agence nationale des infrastructures numériques et des fréquences (ANINF), l’intelligence artificielle constitue un outil majeur pour moderniser l’appareil administratif. De l’automatisation des tâches répétitives à la gestion intelligente des données, l’IA pourrait alléger le travail des agents et rendre les services plus accessibles.
Ressources humaines et marchés publics ciblés
Deux secteurs prioritaires se dégagent.
– Ressources humaines : l’IA pourrait faciliter le tri des candidatures, optimiser l’affectation des agents et proposer des formations adaptées aux compétences.
– Marchés publics : grâce à la prédiction et à la traçabilité, elle contribuerait à renforcer la transparence et à réduire les risques de corruption dans les procédures d’attribution.
Des initiatives déjà en marche
Le Gabon a lancé plusieurs projets pour préparer cette mutation : la mise en place d’un Comité national technique sur l’IA, le développement du Centre gabonais de l’innovation et la conclusion de partenariats stratégiques avec des acteurs technologiques comme Huawei. Ces initiatives visent à doter le pays des outils et compétences nécessaires pour intégrer l’IA à grande échelle.
Défis éthiques et infrastructurels
Si les perspectives sont prometteuses, leur réalisation suppose d’importants investissements dans les infrastructures numériques, la cybersécurité et la formation des agents publics. Par ailleurs, l’intégration de l’IA soulève des questions éthiques, notamment sur la protection des données et le respect de l’autonomie humaine face aux machines.
Un tournant décisif pour le Gabon
À l’heure où de nombreux pays africains accélèrent leur transformation digitale, le Gabon se trouve à un carrefour. Reste à savoir si les ambitions affichées sauront se concrétiser pour faire de l’intelligence artificielle un moteur de transparence et de performance au service des citoyens.