Crespo Mbalanguenza
Alors que des millions de créateurs de contenu dans le monde génèrent des revenus grâce à leurs vidéos sur YouTube, les utilisateurs gabonais, eux, ne peuvent toujours pas accéder à ce levier économique. En cause : l’inéligibilité persistante du Gabon au programme de monétisation de la plateforme, une situation qui suscite frustration et incompréhension au sein de la communauté numérique locale.
Une absence qui interroge
YouTube, propriété de Google, offre à ses utilisateurs la possibilité de générer des revenus via le « Programme Partenaire YouTube » (PPY). Toutefois, ce programme n’est disponible que dans certains pays reconnus officiellement par la plateforme. À ce jour, le Gabon ne figure pas sur cette liste.
Résultat : même si un créateur gabonais respecte toutes les conditions d’éligibilité classiques (au moins 1 000 abonnés et 4 000 heures de visionnage au cours des 12 derniers mois), il ne peut pas activer la monétisation de sa chaîne tant qu’il réside dans le pays.
Les créateurs entre débrouille et exil numérique
Pour contourner cette barrière géographique, certains créateurs gabonais choisissent de localiser leur chaîne dans un pays éligible ou de collaborer avec des tiers vivant à l’étranger. Une stratégie souvent complexe et peu viable sur le long terme.
« J’ai dû confier la gestion de ma chaîne à un cousin vivant en France pour pouvoir toucher mes revenus », confie un vidéaste basé à Libreville. « Mais ce n’est pas une solution idéale, car je perds le contrôle direct sur les aspects financiers. »
Une opportunité économique manquée
Dans un pays où le taux de chômage des jeunes reste élevé et où l’économie numérique est en pleine éclosion, l’absence de monétisation sur YouTube représente une occasion manquée. Les créateurs de contenu y voient non seulement un manque à gagner, mais aussi une forme d’exclusion numérique.
« Nous avons du talent, de la créativité, une audience locale et diasporique. Ce qu’il nous manque, c’est la reconnaissance de notre territoire par les grandes plateformes », déplore une influenceuse gabonaise très suivie sur TikTok et YouTube.