Larry Warren
Genève, juillet 2025 – À l’occasion du premier Forum francophone sur la gouvernance du numérique et de l’intelligence artificielle, le Gabon a porté une voix critique et lucide sur les défis majeurs qui freinent le développement du numérique dans les pays francophones, notamment en Afrique.
Représenté par le ministre de l’Économie numérique, Mark Alexandre Doumba, le pays a mis en lumière les retards structurels persistants dans la sous-région : manque d’infrastructures, faibles compétences numériques, fracture générationnelle et disparités d’accès entre zones rurales et urbaines.
« Nous ne pourrons pas aborder l’IA comme un simple saut technologique, alors que nos réalités imposent encore de régler les problèmes de base », a déclaré le ministre, soulignant la nécessité d’un accompagnement global et adapté.
Trois publics, trois défis
Lors de son intervention, le ministre gabonais a décrit trois grandes catégories de publics face au numérique : les populations rurales encore très éloignées des usages numériques, les jeunes urbains connectés mais parfois peu formés, et une élite technophile souvent formée à l’étranger. Une diversité qui appelle à des politiques ciblées.
Un appel à la solidarité francophone
Le Gabon a plaidé pour une coopération renforcée au sein de l’espace francophone, fondée sur le partage de bonnes pratiques, la mutualisation des ressources et l’appui des institutions comme l’OIF et l’Agence francophone pour l’intelligence artificielle (AFRIA). Le but : permettre aux pays francophones d’entrer pleinement dans l’ère du numérique, sans dépendre uniquement des solutions importées.
Des avancées, mais un chemin encore long
Si le Gabon a engagé des réformes dans le domaine – développement de l’e-gouvernement, déploiement de la fibre optique, création de plateformes numériques – les inégalités d’accès et de formation restent importantes. Le ministre a insisté sur le besoin d’une vision systémique, intégrant à la fois éducation, régulation, infrastructure et inclusion.
Au final, le Gabon appelle à un réveil collectif des pays francophones face aux enjeux du numérique et de l’intelligence artificielle. Pour Mark Alexandre Doumba, il ne suffit plus d’observer l’innovation mondiale, il faut agir sur le terrain, avec des solutions locales et concertées.